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    Aimer

     

    Aimer...

     

    C’est vouloir l’autre libre, et non pas le séduire, et de ses liens le libérer, s’il demeure prisonnier, afin que lui aussi puisse dire : "je t’aime", sans y être poussé par des désirs indomptés.

     Aimer, c’est entrer chez l’autre, s’il t’ouvre les portes de son jardin secret, bien au-delà de ses chemins de ronde, et des fleurs et des fruits cueillis sur ses talus, là où émerveillé tu pourras murmurer : c’est "toi" mon chéri, et tu es mon unique.

    Aimer, c’est de toutes tes forces vouloir le bien de l’autre, avant même le tien, et tout faire pour que l’aimé grandisse, et puis s’épanouisse, devenant chaque jour l’homme qu’il doit être, et non celui que tu veux modeler à l’image de tes rêves.

    Aimer, c’est donner ton corps et non prendre le sien, mais accueillir le sien, quand il s’offre en partage, et c’est te recueillir, t’enrichir, pour offrir à l’aimé, plus que mille caresses, et plus que folles étreintes, Ta vie tout entière rassemblée, dans les bras de ton "je".

    Aimer, c’est t’offrir à l’autre, même si celui-ci un moment, se refuse, c’est donner sans compter ce que l’autre te donne, en payant le prix fort, sans jamais réclamer ta monnaie et c’est, suprême amour, pardonner, quand l’aimé, hélas se dérobe, en tentant de livrer à d’autres, ce qu’il t’avait promis.

    Aimer, c’est dresser ta table et la garnir pour y asseoir ton hôte, mais sans jamais te croire suffisant, pour te passer de lui, car privé de la nourriture, que lui-même t’apporte, à ton repas de fête tu n’offriras, que pain sec de pauvre, et non menu de roi.

    Aimer, c’est croire en l’autre et lui faire confiance, croire en ses forces cachées, en la vie qui l’a habité, et quelles que soient les pierres à dégager pour aplanir la route, c’est décider en homme raisonnable, de partir courageux sur les chemins du temps, non pour cent jours, pour mille, ni même pour dix mille, mais pour un pèlerinage qui ne finira pas, car c’est un pèlerinage qui durera toujours.

    Aimer, je dois le dire, pour purifier tes rêves, c’est accepter de souffrir, de mourir à soi, pour vivre et pour faire vivre, car qui peut pour un autre s’oublier, sans souffrir, et qui peut renoncer à vivre pour lui-même, sans que meure en lui, quelque chose de lui.

    Aimer, enfin, c’est tout cela et beaucoup plus encore, car aimer c’est t’ouvrir à l’amour infini, c’est te laisser aimer, et transparent à cet amour qui vient, sans jamais te manquer, c’est, ô, sublime aventure, permettre à Dieu d’aimer, celui que toi, librement, tu décides d’aimer.

     

    Michel Quoist

     

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