• Jouissez du moment présent

     


     

     



    On a tous, enfoui dans son subconscient, un mirage.
    On se voit faire un long voyage à travers le continent. On se trouve dans un train.
    Par la fenêtre, on regarde le spectacle qui défile: les voitures sur les autoroutes, à côté, les enfants qui saluent à un passage à niveau, les vaches qui broutent sur une colline éloignée, les usines qui crachent leur fumée, les rangs interminables de maïs et de blé, les vallées et les plaines, les montagnes et les coteaux onduleux, le profil des grandes villes, les toits des maisons dans les villages.

    Les pensées que l’on a, cependant, sont tournées vers la destination finale. Un certain jour à une certaine heure, on débarquera au terminus. Des fanfares joueront sous les drapeaux. Une fois rendu, des rêves merveilleux se réaliseront et les morceaux de notre vie s’assembleront parfaitement tel un casse-tête.
    Avec quelle impatience on arpente les couloirs du train, maudissant les minutes de s’écouler aussi interminablement! On attend le terminus, encore et encore.

    « Lorsqu’on arrivera au terminus, ce sera fait ! » s’écrie-t-on. « Lorsque j’aurai dix-huit ans…» « Lorsque notre petit dernier sera à l’université…» « Lorsqu’on aura fini de payer l’hypothèque…» « Lorsque j’aurai une promotion…» « Lorsque je prendrai ma retraite, je vivrai heureux pour toujours ! »

    Tôt ou tard, on se rend compte qu’il n’y a pas de terminus, pas de dernière station à laquelle on arrive enfin et pour toujours. Le véritable plaisir de vivre se prend au cours même du voyage. Le terminus n’est qu’un mirage. Il nous distance toujours.

    « Jouissez du moment présent » est une sage devise.
    Ce ne sont pas les fardeaux d’aujourd’hui qui nous rendent fous.
    Ce sont les regrets du passé et la peur de demain.
    Les regrets et la peur sont deux voleurs qui nous dépouillent du présent.

    Par conséquent, cessez d’arpenter les couloirs et de calculer la distance qu’il reste à parcourir. Au lieu de cela, escaladez des montagnes plus souvent, mangez de la crème glacée plus souvent, marchez pieds nus plus souvent, plongez dans les rivières plus souvent, contemplez le lever du soleil plus souvent, riez plus souvent, pleurez moins souvent.

    La vie doit se vivre au moment où elle nous est donnée. Le terminus viendra bien assez vite.



    Robert J. Hastings


     

    Pin It